lundi 3 mars 2008

Samedi 1er Mars - Taipei

Aurions nous pensé, il y a maintenant quelques années, le jour où la recherche du plaisir nous a poussé à prendre notre alter égo (notre instrument de musique), qu'un clavier, des cordes, des baguettes seraient notre passeport pour le monde ? Chose rare, nous sommes conscients pendant que nous le vivons, de la chance, du privilège qui nous est donné de donner une image symbolique de la France à l'étranger. « Rue d'la gouaille » c'est de la chanson/rock mais bien bariolée de ce qu'est notre pays. Les accents marocains, les rythmes de l'océan indien, les mélodies celtiques, d'Europe de l'est, les textes argotiques et poétiques soulignent aux Taïwanais combien la France s'est construite par le brassage des cultures, combien l'immigration que l'on voudrait choisie aujourd'hui, est un vecteur de richesse pour un pays...

Il y a un mois, tombe un mail surprenant venant de Canton. Un français exilé en Chine depuis 12 ans, chante des standards français en chinois et vice versa. « Kayoumin » (Guillaume de son prénom), désire jouer un morceau avec nous. Partant de son répertoire nous produisons une version « maloya » (style réunnionais) de « la mer » de Charles Trenet que nous lui envoyons par mail. 1 mois plus tard, après une rapide répétition nous nous retrouvons en plein cœur et en plein air à exécuter le « chef d'œuvre » en sa compagnie et celle de Thierry Nkeli Faha , chanteur togolais qui a vite compris en s'exilant à Hong Kong que ses opportunités professionnelles auraient plus d'écho à 26 heures de Paris : « A Paris, j'étais un africain parmi d'autre. En Asie, je suis le phénomène. Tu te rends compte j'ai trouvé une distribution et un éditeur en France depuis HK ! Alors qu'en 10 ans en France, rien ! Nul n'est prophète en son pays... » !



Le public Taiwanias fut chaleureux, se prêtant volontiers à chanter en Français. Curiosité que ces français qui joue sur scène en plein cœur de Taipei. Plaisir pour nous de jouer devant un panel de différentes générations (des petits de 5 ans aux grands mères de plus de 60). Ce premier concert ne nous éloigne pas vraiment des conditions techniques françaises. L'équipe a déménagé les vélos du parking de l'université pour installer la scène et on nous demande à plusieurs reprises de jouer à volume réduit du fait des examens qu'ils passent ce jour même. L'ambiance est malgré tout au rendez-vous et les deux passages nous offrent les premiers plaisirs du contact avec le public chinois, Karine plaçant les rudiments de remerciement qu'elle a appris auprès des techniciennes du son... Le matériel est bon, les techniciens compétents et souriants, et nous avons eu un contact excellent avec l'Alliance Française qui nous a accueillis avec gentillesse. Le président de l'AF de Taipei WU Chih-Chung est un homme charmant, raffiné, qui sait graviter dans les hautes sphères Taïwanaise pour valoriser le travail de terrain que développe la directrice Anne Garance. Nous savions en partant que nous aurions à composer entre la rue et la diplomatie. Le soir, c'est la réception chez le directeur de l'institut français de Taïwan. On nous rappelle que du fait de la scission politique de Taïwan par rapport à la Chine populaire, une ambassade française n'est pas politiquement possible... Petits fours et champagne, discours diplomatique, on nage dans une mauvaise publicité de chocolat... Heureusement nous nous raccrochons à des invités chinois cultivés (une productrice de Cinéma, une professeur de français, le maire de Taipei...) qui nous ouvrent sur leur culture. Nous parlons religions, libéralisme, culture dont musique et chanson française, gastronomie et suivant les gens vin ou champagne, conditions de vie d'un pays qui revendique son indépendance, sa liberté, sa république... En sortant il nous prend à nouveau l'envie de sentir la rue et « le peuple ». On file donc au marché de nuit qui ferme à 3 heures du mat. Echopes, vêtements, une foule compacte, immense. Des lumières, des enseignes, des odeurs... Tout ce que la ville peut faire naître de populaire et de toc. C'est le règne de la fripe, du plastic, et du factice. Les contacts physiques sont inévitables vu la densité des gens au mètre carré. On se croirait en pleine médina, mais une médina multiplier par 100. La démesure... Merci encore à Anne, Cedric, Emilie, Chih-Chung et tous les gens qu'on a croisé et qui nous ont accueillis pendant ces deux jour sur l'île !!

3 commentaires:

carotte a dit…

C'est plaisant de pouvoir voyager par procuration aussi. Merci pour ce blog, chouette idée.

Unknown a dit…

Très sympa ces ptits "reports" ca donne envie, on s'y croierait !
Biz à tous.

ziri a dit…

Karim, t'es un veinard.