lundi 31 mars 2008

Lundi 17 et mardi 18 Mars - Tsingtao (QINGDAO)

Ancienne concession allemande, Qingdao est une petite ville de 8 millions d 'habitants (Pékin en compte 60 millions) qui offre aux chinois touts les joies d'une station balnéaire en plein développement. Grande plage, villas du début du XIXème, restaurants en tout genre, visites touristiques. Elle devrait être le rendez-vous des sports nautiques pour les prochains jeux Olympiques cet été. Nombre de chantiers témoignent du retard et de l'empressement des chinois à donner une image et des services irréprochables lors de ces jeux. Nuits et jours, des ouvriers, issues majoritairement du milieu rurale (les mindong), s'activent dans des conditions parfois très difficile et pour des salaires leur permettant de survivre.
Région jumelée avec le Shandong, les Pays de la Loire (d'où nous venons) s'efforce de développer des ponds économiques et culturelles entre Nantes et Qingdao en particulier. C'est d'ailleurs grâce à ce jumelage que Rue d'la Gouaille a pu bénéficié de l'aide des contribuables pour pouvoir effectuer cette tournée impulsée et montée par les AF chinoise et le groupe. Que les ligériens soient remerciés du soutien qu'ils offrent aux artistes de pouvoir les représentés en Asie !
Aude est une jeune directrice d'AF. Nantaise, elle est ravie de nous accueillir et elle le fera plus que bien. Nous passerons une sympathique première soirée au concert de nos copains québécois dans un restaurant français puis iront en repérage dans le clud où nous allions jouer le lendemain.
Arrivés au « Club New York », nous avons assistés au concert du groupe résident. 7 multi-instrumentistes philippins qui offrent un répertoire de reprises de variété internationale que l'on peux entendre dans le monde entier. En revanche, certains morceaux tiennent plus de l'exhibition que de l'exécution proprement dîte. C'est le cas d'une reprise de Led Zepelin qui permis aux 2 guitaristes et au bassiste, l'espace pour des solos interminables dont le climax fut un duel guitaristiques joués à la perceuse électrique ! Sans aucun second degrés, ces guitares héros s'exécutèrent avec le plus grand sérieux possible !


Le lendemain, après un atelier au sein de l'AF, nous partons pour le club. Séparés de leur famille depuis deux ans, en quête de l'eldorado chinois, ce sont ces même philipins qui nous accueillirent le mardi pour notre balance. Après quelques interviews, Rue d'la Gouaille entama un concert, qui vit David foncer dans le public un micro HF à la main. Toujours beaucoup de succès pour le morceau "ANNA THOMMY", pendant lequel notre chanteur se sent l'âme du mime Marceau en détaillant les parties du corps...
Un grand merci à l'hospitalité zélée de notre cousine nantaise (Aude, la directrice) et à toutes l'équipes enseignantes, qui a su travailler un mois avant notre venue sur les textes de Rue d'la Gouaille avec les étudiants de l'AF de Qingdao ! Et apparemment ils n'ont pas fini de triturer les paroles, l'analyse devrait se poursuivre toute l'année. Merci d'avoir joué le jeux !...

Dimanche 16 Mars - off

Nous avons eu quelques soucis sur place (sites youtube et blogspot inaccessibles entre autres), donc vu le retard pris, nous ne posterons pas de message pour les jours off, désolé... Ce blog reste ouvert pour finir de couvrir la période où nous étions en Asie...

samedi 29 mars 2008

Vendredi 14 et samedi 15 Mars - Shanghai

Immensité, cosmopolitisme, lumières, bruits sont les maitres mots d'une ville ultramoderne. Les building s'alignent comme une forêt de verre. Au milieu se trouve l'ancien quartier chinois qui contient un superbe jardin traditionnel et un nombre incalculable d'échoppes touristiques. Nous aurons l'occasion d'arpenter les rues de Shanghaï pendant deux jours, du matin au soir avec Benoît (le correspondant de Karine). Merci à lui pour nous avoir fait découvrir Shanghaï et ce qu'est le métier d'ingénieur en oxydation ! C'est l'étape où David et Karine feront l'acquisition d'une Liuqin (genre de pipa - instrument à corde chinois) et le fameux « sheng » (cf Chengdu). Peut être ces instruments influenceront ils les nouvelles compositions de Rue d'la Gouaille ?
Nous jouerons au Art Dramatic Center, une superbe salle équipée d'un matériel dernier cri. La qualité du son en retour nous déstabilisa presque, vu les conditions antérieurs. Nous redécouvrons les parties musicales des uns et des autres. Un concert devant un public d'ambassadeurs, d'étudiants... un peu froid.




Le dernier soir nous sommes allés boire un verre boire un verre au « Togo bar ». Café concert un peu « roots », c'est le lieu de rendez-vous de certains musiciens Shangaïais. Nous sommes accueillis par John, un afro-français exilé depuis trois ans qui officie en tant que directeur artistique du bar. Il nous fait part des difficultés qu'il rencontre à mobiliser les musiciens chinois sur la « jam session » du dimanche soir. Effectivement les musiciens connaissant ce rendez-vous sont originaires du monde entier mais pas d'asie. Guitariste australien, batteur mauritien, harmoniciste anglais, bassiste américain, guitariste français... se sont donnés le mot pour improviser du blues funk au sein de ce lieu. Musiciens amateurs le dimanche soir, ils sont dans la semaine informaticiens, ingénieurs, commerciaux, mannequins, conscients des opportunités que la Chine leur donne actuellement de développer des carrières inimaginables dans leur pays d'origine. Le public quant à lui est assez mélangé, chinois et occidentaux se côtoient en surface... Drôles d'endroits que ces rendez-vous « d'expat.» où entre un blues rock et une Tsingtao (bière chinoise), on s'échange parfois cartes de visite et marchés potentiels...

jeudi 27 mars 2008

Mercredi 12 mars et jeudi 13 mars - Nankin

Nous retrouvons Olivier et Adeline qui sont deux assistants chinois qui travaillent à l'AF. Apprenant le français depuis 8 mois, Olivier maîtrise la langue d'une manière surprenante. La facilité des chinois rencontrés à assimiler rapidement le français et la qualité des cours des AF font que sur des sessions de quatre mois, les étudiants sont prêts à poursuivre leurs études en France.

Nous sommes attendus à l'AF pour un atelier. Nous rencontrons Marie-Christine, la directrice de l'AF. C'est une charmante eurasienne qui tient l'AF comme une vraie chef(fe) d'entreprise. Employant volontiers le vouvoiement envers son équipe et nous-même ; sa froideur cache une personne sensible, ayant le soin de respecter scrupuleusement la Chine et ses habitants. Tous écarts condescendants, où attitudes pouvant démontrer le sentiment d'être en territoire conquis, est proscrit pour laisser place à une volonté de véritable coopération entre la France et la Chine. Ce n'est pas toujours simple...



L'atelier est à nouveau un moment exceptionnel, où nous échangeons avec de jeunes chinois autour de notre musique. Nous rencontrons un élève, qui, au culot, prendra l'accordéon pour nous jouer du tango ! Le rendez-vous est donné pour le lendemain, sur scène pour interpréter un morceau avec tous les élèves. Quelques pas dans les rues nous amènent à croiser un joueur de violon chinois et à nous enfoncer dans un marché chinois où se côtoient petites filles jouants avec un fil, vendeurs de poissons en aquariums saturés et pâtes en tous genres...

Le théâtre de la ville est immense. D'une capacité de 940 places, la salle accueille d'une manière régulière l'opéra chinois. Décors géants, balcons sculptés dans le plâtre, fauteuils de velours sont là pour témoigner d'un goût prononcé pour l'académisme et la culture nationale. Nous sommes accueillis dès 10 h du matin par une équipe technique peu soucieuse d'être à notre écoute et peu désireuse de faire le moindre effort. Les pourparlers durent jusqu'à 14h. À ce stade de la tournée, c'est la première fois que nous rencontrons ce genre de comportement. Nous décidons d'être plus malins que le renard et nous prenons en main l'essaie de tout le matériel. Il est en piteuse état et surtout peu adapté à un concert de rock. Nous devons jouer à 19h30. Vu les problèmes techniques, la balance durera jusqu'à 19h avec l'impossibilité d'avoir des retours. Soit 9h30 de préparation technique pour ce concert. À aucun moment un mot plus haut que l'autre, à aucun moment ne serait-ce un soupçon d'énervement. De la diplomatie oui, mais pas tous les jours non de d'la !!!!

Ce fut un public concentré, participant volontiers à notre musique, tapant des mains, des pieds et nous ovationnant à plusieurs reprises. Les conditions techniques et de jeux furent assez difficiles et nous avons joué parfois plus à vue qu'à l'oreille. Ceci dit l'émotion fut au rendez-vous et nos chemises mouillées comme il se doit...

Lundi 10 mars et mardi 11 mars - Chengdu

Il est 21h, le taxi file vers le club où nous devons jouer le lendemain. Nous avons rendez-vous avec « Chinatown », un groupe québécois avec qui nous devons partager la scène dans le cadre des journées de la francophonie. Ce soir c'est le groupe chinois du club qui anime la soirée. Composé de musiciens de Mongolie intérieurs et de chinois, ce groupe joue à la fois des morceaux de variétés internationales et des morceaux mongoles que proposent 7 musiciens.
Nos canadiens nous accueillent avec de larges sourires. Nous échangeons quelques point de vue sur l'organisation du concert du lendemain tout en appréciant mutuellement nos forts accents respectifs. Groupe de pop rock, Chinatown ravie par sa bonne humeur et son soucie de vouloir jouer au dandy...



Le lendemain, après une matinée passée à visiter un temple taoïste et le quartier tibétain, nous effectuons la balance en présence de deux musiciens mongoles de la veille. Le guitariste est très vite attiré par le banjo de David. 2 minutes plus tard nous jouons ensemble un thème russe que Karine a reconnu. Sourires, baragouinage franco-anglo-mongole font de cette rencontre un moment unique et spontané. Il nous reste le temps de filer vers le quartier des magazins de musique. Julien, un des profs de l'AF marié à une chinoise, a tenu à nous rencontrer. Il est musicien lui même et se passionne particulièrement pour l'accordéon. Karine, peu avare de ses connaissances historiques, mécaniques, « fanatiques » de son instrument, échange longuement avec lui. Nous rentrons dans le premier magazin. Nous assistons émerveillés à un cours de harpe chinoise. Dèrière une partition, se cache une petite fille qui griffe de ses onglets les cordes de ce bel instrument. Collée à elle, son professeur tantôt lui souflant les erreurs à ne pas comettre, tantôt lui déplaçant la main quand il le faut, mélange la transmission écrite et orale. L'enseignement se fait devant les clients, sans aucune gène apparente.

Avant notre voyage, Karine nous faisait part de son désir de rencontrer l'ancètre de l'accordéon ; le « cheng ». Instrument à vent utilisant la même technique de lamelle interne, le « cheng » a une sonorité mélangeant différents timbres qui rappellent l'harmonica, le mélodica et bien sur l'accordéon. Emue, comme une petite fille devant l'objet tant attendu, Karine essaie plusieurs modèles. Après de long marchandages, Karine hésite et nous repartons sans l'instrument. L'accordéoniste de Rue d'la Gouaille sait qu'à Shangaï il y aura plus de choix... Mais quand même nous sentons une petite crainte à ne pas en retrouver.

Nous ouvrons la soirée devant un public dissipé, puis nous découvrons le répertoire des Chinatown. Mélodies simples, texte au premier degré, Chinatown sort un peu déçu de leur premier concert. Il regrette d'avoir joué si aproximativement pour ce premier rdv.
Nous finirons en fin de soirée par une jam session où musiciens mongoles, chinois, canadiens et français seront réunis sur scène...

samedi 22 mars 2008

Dimanche 9 mars et lundi 10 mars - Xian

Ancienne capitale de la Chine, XIAN est l'étape attendue pour ses attraits historiques. La notion de patrimoine historique a rarement de place en Chine. Dans la plupart des ville où nous sommes passés, des quartiers entiers ont été rasés, certains très anciens présentant un intérêt culturel ont laissé place à des buildings ultramodernes ou à des cités dortoires devant répondre à un exode rural grandissant. L'intérêt de XIAN est au moins double. La ville a préservé les remparts de l'époque Quin et le quartier musulman datant de la route de la soie et détient le fameux site des guerriers enterrés sous terre.




Jusqu'à présent nous avions été habitués à des théâtres, des salles de conservatoire, à un club « hype ».... A XIAN, nous sommes attendus dans un club rock, le « Moonkey bar ». D'un point de vue patrimonial, les affiches des groupes de métal chinois, gothiques, les dédicaces des artistes sur les murs, le traumatisme subit des instruments de musiques, sont autant d'éléments archéologiques, témoignant d'une vie musicale soutenue qui font de ce club un rendez-vous incontournable pour qui s'intéresse au rock en Chine. A ce stade de la tournée, nous voyons apparaître quelques signes de fatigue. L'avion, l'enchaînement des concerts, les conditions techniques inégales sont des facteurs qui ont des petites conséquences sur notre vitalité...

Sylvie, la directrice de l'AF, est une randonneuse qui connaît bien la géographie, les moeurs, l'histoire chinoise. Personne réfléchie et sachant transmettre sa vision de la Chine actuelle, elle nous fera découvrir le quartier musulman et en particulier sa mosquée au coucher du soleil. Un moment magique, dans une mosquée construite comme un temple taoïste.

Le soir le concert est blindé. Le club pouvant accueillir 700 personnes, en reçoit 400 ! Un public ravi de voir ces petits français plein de conviction et de sincérité défendant des textes qu'ils ne comprennent pour cetain qu'à moitié. Les instruments de Rue d'la Gouaille font l'étonnement de certain (la mandoline, la contrebasse électrique, le bendir..). Le côté acoustique de notre musique donne un côté chaleureux qui séduit un public partagé entre une variété chinoise friande de nappes de synthés, de chant à l'eau de rose et une musique traditionnelle qui intéresse de moins en moins les jeunes générations. En revanche Par ailleurs, rock et punk sont les vecteurs de quelques groupes chinois ayant la volonté de bouscler la musique en province. Après un concert énergique, c'est à nouveau la séance de dédicaces. Nous n'oublierons pas ces yeux mouillés d'émotion d'un jeune chinois musulman disant salamaleïkum au batteur de Rue d'la Gouaille...

On ne pouvait passer à XIAN sans aller voir l'armée des guerriers sous terre. Une armée impressionante de milliers de statues à tailles humaines censées défendre dans l'au delà, l'empereur... Sarah, une jeune chinoise sera notre accompagnatrice. C'est une jeune fille charmante, étonnante par sa connaissance de l'argot français et de descriptifs appris par coeur de ce bout de l'histoire chinoise. Sa personnalité et ses connaissances nous permettent d'avoir une visite originale d'un site impressionnant qui font de la Chine ce rendez-vous surprenant où, à quelques kilomètres, se côtoient la frénésie d'une jeunesse désireuse de s'émanciper et l'inflexibilité stoïstique de la tradition.

mercredi 19 mars 2008

Samedi 8 Mars - Wuhan

Nous prenons machinalement l'avion (nous l'aurons pris 17 fois à la fin du séjour). A l'aéroport Alix (coordinatrice culturelle de l'AF) est tout sourire. Le courant passe tout de suite. Nous traversons le célèbre fleuve du Yang Tze Kiang. Alix nous raconte que Mao originaire de la région, l'aurait traversé à la nage à 60 ans. Le taxi s'enfonce dans la ville. La population semble plus rurale, la ville plus populaire. Nous retrouvons Christine, une interprète franco-chinoise qui travaille à l'AF. A nouveau les conditions techniques sont très difficiles et le backline est gentiment prêté par le conservatoire. Lucas, le technicien de Rue d'la Gouaille, parfait sa diplomatie pour ne pas faire perdre la face au chinois. C'est l'humiliation qui est la plus redoutée ici. Lucas baragouine, mime ce qu'il désire, et toujours avec le sourire il apprend à dire pas de problème en chinois : « Mei wen ti »... Tout le monde se met en quatre pour que le concert est lieu au mieux. La salle de 800 places a une hauteur de plafond idéale pour un concert classique. Le premier coup de grosse caisse semble sonner
une éternité...



Comme à chaque concert, le public est au rendez-vous et enclin à vivre un moment à part. Alix nous dit que Wuhan est le berceau du punk chinois. Nous ne verrons aucune crête à l'horizon, mais des gens souriants, chaleureux... Nous terminerons la soirée par une nouvelle séance de dédicaces et de photos. C'est amusant de penser que les bouilles photographiées des musiciens de Rue d'la Gouaille circulent dans les foyers chinois !!!

mardi 18 mars 2008

Vendredi 7 Mars - Canton

Nous retrouvons l'ami Kayomin (ce français exilé depuis 15 ans en Chine, cf Taïwan) et Eric un jeune chinois qui coordonnera avec son homonyme notre séjour à Canton. Depuis que nous avons commencé la tournée certains interlocuteurs n'ont cessé de dire « vous verrez quand vous serez en Chine... ». Comme si les enclaves que sont Macao, Hong Kong, Taïwan étaient les étapes d'adaptation nécessaires au préalable d'une Chine populaire, à part, difficile, peu propice matériellement à l'accueil d'un groupe de rock... En début d'après midi nous filons à une heure du centre ville où les étudiants trop « dissipés » par les tentations urbaines ont été écartés pour « une meilleure productivité intellectuelle ».



Le taxi a du mal à trouver la salle qui se trouve au milieu d'un campus gigantesque. Il faut dire que le campus est à l'échelle d'une ville. Si les villes moyennes ont 5 à 6 millions d'habitants vous imaginez le nombre d'étudiants et d'infrastructures qu'il faut. Nous trouvons finalement la salle. Une belle salle de 400 places. La balance se déroule effectivement avec peine et musiciens comme techniciens doivent faire preuve de souplesse et d'adaptation face aux conditions techniques et à leurs utilisations. En milieu de balance, nous voyons arriver progressivement le public curieux. Nos gestes sont épiés, commentés... A l'heure du concert, la salle devant contenir 400 places accueille 700 personnes ! Les gens se casent où ils peuvent ; dans les couloirs, au bout du balcon, sur les côtés du plateau, sur scène, en régie... Le concert débute et nous sentons que ce concert sera chaud, très chaud. Le public composé d'étudiants chinois pour la plupart non francophones, est d'abord intrigué, se laisse prendre au jeu, chante, applaudit et se manifeste massivement sentant que la sauce prend. Frissons, émotions, écoute, 1h30 de bonheur...

samedi 15 mars 2008

Jeudi 6 mars - Hong Kong

L'aéroglisseur découpe la mer de chine en direction de Hong Kong. Ce soir nous jouons dans une boîte de nuit hype. Les bus à deux étages et la conduite à gauche, nous rappellent que jusqu'en 1999, ce bout de Chine était anglais. La vie s'accélère, elle bat au rythme d'une capitale. Si il y a un centre, c'est bien celui des affaires du monde entier qui s'y sont donné rendez-vous. Attachés caisses, tailleurs de grandes marques, rictus stressés d'une population skyzophrène qui tente de trouver l'équilibre entre le communisme et le libéralisme...



Alice, notre interlocutrice à l'AF, est presque sur le départ. Immigrée (devons nous dire expatriée ?) depuis 4 ans, elle organise avec nous son dernier concert à Hong Kong. Avant la balance, nous passons le début d'après-midi avec Christelle, une chinoise de Nankin diplômée d'un master culturelle. Les chinois s'attribuent souvent des prénoms occidentaux en sus de leur prénom chinois. Ils peuvent même en changer plusieurs fois dans une vie. Nous rencontrerons des Jessie, Mandy, Trévor, Eric... Christelle est d'une gentillesse incomparable, curieuse d'apprendre nos us et coutumes et de transmettre les siennes, elle nous fait découvrir en deux heures quelques coins de la ville. Toujours cette impression d'effleurer ces si courtes étapes... Nous sommes au rythme Hong Kongais. Plus tard nous jouons devant un parterre d'occidentaux. C'est le seul concert dont le public fut en majorité des expatriés français. Cette si courte étape, nous donne l'impression inconfortable d'avoir été en vase clos, dans une ville ou une culture syncrétique a du mal à se créer...

mardi 11 mars 2008

Lundi 3, mardi 4 et mercredi 5 Mars - Macao

C'est notre première halte en Chine. Une étape de 3 jours concluée par un concert au « cultural center de Macao ». L'image des années 30 tant développée dans les films holywoodiens s'efface rapidement devant le gigantisme des buildings. Qui aurait dit que pour notre première entrée en Chine nous ferions une escale au Portugal ? Macao était sous un protectora portugais jusqu'en 1999. Hollywood reste néanmoins présent. Les batisses portugaises fraichement refaites donnent une impression de décor dont le plus grand casino du monde le VENITIAN fait écho en reprenant les dorures, les canaux reconstitués, les peintures de Michélange chers à Venise. Qu'à cela ne tienne, si le groupe doit jouer dans ce lieu cela ne sera certainement pas au black jack ! On négocie avec le manager du lieu et nous voilà sur scène, enpoignant les instruments du groupe américain qui anime la bar. L'auditoire habitué à Céline Dion, Prince ou à du « funky! funky! groovy! groovy! » est stupéfait par notre version « punk » de la Carméline en Français!



On ne peux parler de notre visite à Macao sans remercier à nouveau l'équipe si soudée de l'AF. Une petite équipe dont la moyenne d'age ne dépasse pas 30 ans.
3 jours c'est largement le temps d'effectuer un atelier avec les élèves chinois de l'AF. Depuis le début du projet nous avons toujours insité sur notre volonté de réaliser de véritables échanges avec la population locale. Là où un concert ne fait qu'effleurer en surface le contact avec le public, un workshop donne l'occasion effective d'entrer dans l'univers de « Rue d'la Gouaille » de manière participative. Nous jouons « La Carméline » (cf le texte) en acoustique au sein de l'AF. Une vingtaine de chinois, un portugais, un guinéen se prête au jeu en apprenant le refrain du chef d'oeuvre ! Chanson prémonitoire de notre tournée, la pudeur, la timidité tombe et nous voilà au coeur de Macao en communion avec ses habitants. Après quelques échanges, et un rendez-vous donné sur scène le 3ème jour, les élèves retournent en cours avec les profs français et découvrent les différents niveaux de langage des paroles de cette chanson issues du répertoire traditionnel. En s'appuyant sur le texte, les mots sont décortiqués, expliqués et les chinois sont surpris et ravis de pouvoir user de l'argot et du langage familié...

3ème jour : Le « Cultural center de Macao est un lieu réputé où bon nombre d'artistes internationaux font escale. Les conditions techniques et d'accueil, le personnel sont parfaits. Noémie, la regisseuse générale, par une coincidence incroyable, apprend d'ailleurs le français à l'Alliance et est très friande d'apprendre les termes techniques de son métier en français. Ce qui permet à Lucas, de son côté, d'en apprendre de nouveaux en anglais. Une longue balance nous permet de nous remettre dans le bain. Morvan s'habitue peu à peu à sa contrebasse électrique, Karine parfait ses formules en cantonais, David se fait tant bien que mal au décalage horaire et tous, nous sommes concients, au moment où nous le vivons, de la chance qui nous ait donnée de vivre une telle tournée.
Le régisseur, Marlène de l'AF et Mandy, notre hôtesse d'accueil viennent nous donner le top départ. 350 personnes se sont déplacés. Une majorité de chinois, quelques français, des portugais attentifs et heureux de notre volonté d'aller les chercher dans la salle, au sens propre comme au figuré. Le concert se déroule, les frissons nous envahissent et David a du mal à chanter car l'émotion l'envahit quand une trentaine d'élèves de l'AF viennent chanter avec nous sur scène...

Plus tard, dans la nuit des milles soleils de « l'empire du jeu », nous échangerons avec Franco, un peintre portugais, marié 8 fois, grand amateur des nuits de Macao dont la vie tumultueuse ravivra le souvenir de ces artistes maudits qui ocillent entre le cliquant de jetons et la solitude de tous les immigrés du monde...

jeudi 6 mars 2008

Dimanche 2 mars - Kaohsiung

Le train traverse le pays du nord au sud. Les paysages alternent entre des topologies tropicales, arides, industrielles. C'est néanmoins très urbanisé. Morvan (le contrebassiste) « branche » en anglais son voisin, un ingénieur en statistique taiwanais durant le voyage. La présidente de l'AF nous explique combien le faible coût de la main d'œuvre chinoise en Chine Populaire fait des ravages dans les entreprises taïwanaises. Le chômage se développe insidieusement. Nous allons sous l'équateur...

Kaohsiung : la gare, l'hôtel, le départ pour l'AF. Il fait 25°C. Comme bon nombre d'AF en Chine, les cours de français se déroulent au sein d'établissements scolaires publiques. A Taipei le concert s'est déroulé dans l'université, pour Kaohsiung c'est en plein cœur d'un collège. Nous découvrons la scène dans la cours. Une scène en béton où se trouve tout le backline demandé depuis la France. Encore une fois l'organisation est sans faille. L'AF a fait à nouveau appel à un prestataire d'évènementiel pour organiser la logistique nécessaire à notre accueil. Il faut savoir que la Culture n'est pas l'objet principale des AF. Ce sont les cours de français qui forment l'ossature financière et le projet d'établissement. 2000 élèves à Taipei et 250 à Kaohsiung.

Nous inaugurons l'AF. Quelques officiels, des élèves, des professeurs, des parents d'élève. Un comité d'une cinquantaine de personnes qui va pouvoir assister à la danse du lion de jeunes filles en première partie de Rue d'la Gouaille. L'éclectisme est de mise et nous permet d'échanger sourires, complicité avec des taïwanais sensibles à la présence française chez eux. Le public est concentré et n'hésite pas à chanter des textes que nous essayons de leur expliquer doucement. Karine (l'accordéoniste) a appris quelques formules d'usage en mandarin qui nous attire la sympathie immédiate du public...

Après le concert nous filons au marché de nuit avec Kayoumin pour dîner dans la rue les multiples victuailles qui chatouillent notre palais. Tout se mange : les cuisses, les têtes, les pâtes, les oreilles, les intestins... Cela bouillonne, fume, crépite, caramélise...

C'est notre dernière soirée à Taiwan, nous assistons à la fête des lanternes (feu d'artifice, variété taiwanaise). Emmêchés par l'eau de vie de sorgo (une céréale ?, une tubercule ?), les 58° d'alcool nous donnent le tourbillon nécessaire pour éteindre nos lanternes...

lundi 3 mars 2008

Samedi 1er Mars - Taipei

Aurions nous pensé, il y a maintenant quelques années, le jour où la recherche du plaisir nous a poussé à prendre notre alter égo (notre instrument de musique), qu'un clavier, des cordes, des baguettes seraient notre passeport pour le monde ? Chose rare, nous sommes conscients pendant que nous le vivons, de la chance, du privilège qui nous est donné de donner une image symbolique de la France à l'étranger. « Rue d'la gouaille » c'est de la chanson/rock mais bien bariolée de ce qu'est notre pays. Les accents marocains, les rythmes de l'océan indien, les mélodies celtiques, d'Europe de l'est, les textes argotiques et poétiques soulignent aux Taïwanais combien la France s'est construite par le brassage des cultures, combien l'immigration que l'on voudrait choisie aujourd'hui, est un vecteur de richesse pour un pays...

Il y a un mois, tombe un mail surprenant venant de Canton. Un français exilé en Chine depuis 12 ans, chante des standards français en chinois et vice versa. « Kayoumin » (Guillaume de son prénom), désire jouer un morceau avec nous. Partant de son répertoire nous produisons une version « maloya » (style réunnionais) de « la mer » de Charles Trenet que nous lui envoyons par mail. 1 mois plus tard, après une rapide répétition nous nous retrouvons en plein cœur et en plein air à exécuter le « chef d'œuvre » en sa compagnie et celle de Thierry Nkeli Faha , chanteur togolais qui a vite compris en s'exilant à Hong Kong que ses opportunités professionnelles auraient plus d'écho à 26 heures de Paris : « A Paris, j'étais un africain parmi d'autre. En Asie, je suis le phénomène. Tu te rends compte j'ai trouvé une distribution et un éditeur en France depuis HK ! Alors qu'en 10 ans en France, rien ! Nul n'est prophète en son pays... » !



Le public Taiwanias fut chaleureux, se prêtant volontiers à chanter en Français. Curiosité que ces français qui joue sur scène en plein cœur de Taipei. Plaisir pour nous de jouer devant un panel de différentes générations (des petits de 5 ans aux grands mères de plus de 60). Ce premier concert ne nous éloigne pas vraiment des conditions techniques françaises. L'équipe a déménagé les vélos du parking de l'université pour installer la scène et on nous demande à plusieurs reprises de jouer à volume réduit du fait des examens qu'ils passent ce jour même. L'ambiance est malgré tout au rendez-vous et les deux passages nous offrent les premiers plaisirs du contact avec le public chinois, Karine plaçant les rudiments de remerciement qu'elle a appris auprès des techniciennes du son... Le matériel est bon, les techniciens compétents et souriants, et nous avons eu un contact excellent avec l'Alliance Française qui nous a accueillis avec gentillesse. Le président de l'AF de Taipei WU Chih-Chung est un homme charmant, raffiné, qui sait graviter dans les hautes sphères Taïwanaise pour valoriser le travail de terrain que développe la directrice Anne Garance. Nous savions en partant que nous aurions à composer entre la rue et la diplomatie. Le soir, c'est la réception chez le directeur de l'institut français de Taïwan. On nous rappelle que du fait de la scission politique de Taïwan par rapport à la Chine populaire, une ambassade française n'est pas politiquement possible... Petits fours et champagne, discours diplomatique, on nage dans une mauvaise publicité de chocolat... Heureusement nous nous raccrochons à des invités chinois cultivés (une productrice de Cinéma, une professeur de français, le maire de Taipei...) qui nous ouvrent sur leur culture. Nous parlons religions, libéralisme, culture dont musique et chanson française, gastronomie et suivant les gens vin ou champagne, conditions de vie d'un pays qui revendique son indépendance, sa liberté, sa république... En sortant il nous prend à nouveau l'envie de sentir la rue et « le peuple ». On file donc au marché de nuit qui ferme à 3 heures du mat. Echopes, vêtements, une foule compacte, immense. Des lumières, des enseignes, des odeurs... Tout ce que la ville peut faire naître de populaire et de toc. C'est le règne de la fripe, du plastic, et du factice. Les contacts physiques sont inévitables vu la densité des gens au mètre carré. On se croirait en pleine médina, mais une médina multiplier par 100. La démesure... Merci encore à Anne, Cedric, Emilie, Chih-Chung et tous les gens qu'on a croisé et qui nous ont accueillis pendant ces deux jour sur l'île !!